France
May 9, 2017
La race de Bremia Bl : 33, stable et repérée dans plusieurs pays.
L’IBEB**, le conseil international d’évaluation du Bremia a identifié début mai 2017 une nouvelle race de Bremia lactucae, la Bl : 33. Comme toutes les autres races de mildiou de la laitue, celle-ci se manifeste par un duvet blanc sur la face inférieure des feuilles de salade, les rendant impropres à la commercialisation. La dernière nomination officielle d’une nouvelle race datait de 2015. Nelly Guérineau, sélectionneuse salade chez Syngenta, explique :
Pour qu’elle soit considérée comme « nouvelle », une race doit être stable dans le temps, avoir été isolée dans plusieurs régions et être bien évidemment différente de ce qui existe déjà.
Ces isolats ont été repérés en France mais aussi en Allemagne, en Hollande, en Grande Bretagne et en Scandinavie et ce, depuis au moins deux ans. Nous participons, aux côtés des instituts techniques et des autres sociétés semencières, aux prélèvements réguliers de souches. L’objectif étant pour tous de rapidement identifier d’éventuels nouveaux isolats, pour ensuite mieux les maitriser ».
La voie génétique ne résout pas tout
La bonne nouvelle, c’est que la plupart des variétés de salades présentes dans le catalogue de Syngenta sont résistantes à cette nouvelle race : aussi bien dans la gamme des salades destinées aux productions sous abri qu’à celles de plein champ. Citons par exemple la batavia Cherola ou la laitue Meteore parmi les variétés sous abri, ou, sur le plein champ les batavias Oleole, Vignole ou la laitue Radian, et il y en a beaucoup d’autres. « Mais attention, prévient Nelly Guérineau, les résistances variétales ne permettent pas de se prémunir à 100 % du risque mildiou d’autant que les races de Bremia évoluent très rapidement ». Gérer la pression maladie passe par trois facteurs : la mise en place de bonnes pratiques d’hygiène de la culture - enlever les débris de salades contaminés notamment -, protéger les jeunes plants par voie chimique et bien entendu, opter pour des variétés résistantes ».
Une résistance, plusieurs gènes
La résistance par voie génétique est un phénomène complexe, basé sur la combinaison de plusieurs gènes, par croisement naturel. « Notre travail de sélection consiste à comprendre le fonctionnement au sein de la plante des différents gènes de résistance et plus précisément découvrir leur localisation sur les chromosomes afin de choisir les meilleures combinaisons, poursuit-elle. Un travail de fourmi où de multiples combinaisons sont possibles ». Une tâche sans cesse remise en cause car les souches de Bremia mutent très rapidement. D’où l’importance de préserver une observation minutieuse des symptômes repérés sur le terrain et de multiplier les analyses, dans toutes les régions, dans tous les pays. « Le référencement réalisé par l’IBEB est capital pour orienter nos travaux de recherche pour les prochaines années, précise Nelly Guérineau. Ne l’oublions pas : 6 à 7 ans sont nécessaires pour mettre au point une nouvelle variété de salade ! »
*Bl : Bremia lactucae
**IBEB : International Bremia Evaluation Board