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L'agriculture climato-intelligente ne va pas de soi : débats, enjeux et leviers


Montpellier, France
December 1, 2014

Les populations des pays en développement seront les premières à souffrir des effets des dérèglements climatiques sur l’agriculture et sur la sécurité alimentaire. Face à ce constat, l’agriculture climato-intelligente propose d’intégrer les paramètres de ces dérèglements ainsi que des transformations agricoles dans une perspective de développement durable. D'autant que ces transformations ne se feront pas sans des politiques publiques et des mécanismes financiers innovants. C’est ce que montrent les auteurs d’un article publié en ligne dans Nature Climate Change ce mercredi 26 novembre 2014. 

D’après les derniers rapports du GIEC, le changement climatique aura de nombreux effets d’ici 2100, notamment de fortes modifications de température et de pluviosité, deux paramètres essentiels en agriculture. En première ligne, face à la menace : les productions agricoles et la sécurité alimentaire des populations qui dépendent de ces productions. Le secteur agricole est par ailleurs pointé du doigt pour sa responsabilité dans les dérèglements climatiques.

Dans ce contexte, de plus en plus de voix soutiennent une agriculture climato-intelligente (climate-smart agriculture). En septembre dernier, le gouvernement français et le Cirad ont adhéré à l’Alliance globale pour l’agriculture climato-intelligente. Si ce type d’agriculture regroupe différentes options techniques – la France et le Cirad ont clairement choisi celle de l’agroécologie – une seule ambition domine : intégrer les paramètres des dérèglements climatiques et des transformations agricoles dans une perspective de développement durable.

Dans un article publié en ligne par Nature Climate Change, mercredi 26 novembre 2014, un groupe de chercheurs montre que l’agriculture climato-intelligente ne constitue toutefois pas une solution technique ponctuelle. à penser un ensemble d’actions coordonnées entre les agriculteurs, les chercheurs et la société civile pour réorienter l’agriculture. Elle doit également, pour aboutir, bénéficier de politiques publiques innovantes et de mécanismes financiers revisités.

Selon les auteurs de l’article, l’agriculture climato-intelligente poursuit trois objectifs :

  • assurer durablement la productivité agricole et donc la sécurité alimentaire,
  • être adaptée au nouveau contexte climatique
  • et atténuer les émissions de gaz à effet de serre.

Mais les défis sont nombreux. L'implication des producteurs, notamment dans les pays en développement, est tout sauf évidente. Afin de soutenir leur capacité adaptative, les institutions locales et nationales doivent également être renforcées. Selon Emmanuel Torquebiau, chercheur au Cirad et un des auteurs de l’article, « si des efforts en matière de politiques publiques et de finance ne sont pas d’actualité alors les options techniques ne pourront avoir d’effet sur le long terme ».

Pour le chercheur, les trois principaux défis consistent alors à :

  • ne pas séparer l’objectif d’adaptation de celui d’atténuation,
  • favoriser la cohérence entre les politiques sur le climat et celles consacrées à l’agriculture,
  • relier financements pour le climat et financements pour l’agriculture.

Comment le changement climatique affecte l’agriculture

Les principaux effets sont :

  • l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes (sécheresse, fortes pluies, inondations, fortes chaleurs),
  • la hausse des températures moyennes,
  • l’irrégularité de la pluviométrie,
  • l’accroissement de la sécheresse dans des régions déjà asséchées,
  • la réduction du rendement des principales cultures (maïs -3,8 %, blé -5,5 % à l’heure actuelle).

La menace pèse autant sur les ruraux que sur les urbains à travers l’accès à l’alimentation en raison et, selon les projections, la baisse de la production et des revenus.

Comment l’agriculture contribue au changement climatique

L’agriculture produit de 10 et 12 % des émissions de CO2 d’origine anthropique et jusqu’à 24 % si l’on inclut la déforestation et les changements d’usage des terres.

Les principales sources agricoles de gaz à effet de serre sont :

  • la fermentation entérique,
  • l’épandage de fumier,
  • l’utilisation de fertilisants de synthèse,
  • la culture de riz irrigué (fermentation des bactéries anaérobiques),
  • la combustion de la biomasse,
  • le changement d’usage des terres.

Référence

Leslie Lipper, Philip Thornton, Bruce M. Campbell, Tobias Baedeker, Ademola Braimoh, Martin Bwalya, Patrick Caron, Andrea Cattaneo, Dennis Garrity, Kevin Henry, Ryan Hottle, Louise Jackson, Andrew Jarvis, Fred Kossam, Wendy Mann, Nancy McCarthy, Alexandre Meybeck, Henry Neufeldt, Tom Remington, Reynolds Shula, Pham Thi Sen, Reuben Sessa, Austin Tibu and Emmanuel F. Torquebiau, Climate-smart agriculture for food security, Nature Climate Change 4, 1068–1072 (2014) doi:10.1038/nclimate2437



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Website: http://www.cirad.fr

Published: December 1, 2014

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