France
July 19, 2019
Les produits insecticides à base de néonicotinoïdes, utilisés pour la protection des plantes, sont de plus en plus pointés du doigt pour des problèmes de sécurité environnementale, alimentaire et sanitaire. Un groupe de travail de l’Anses, dont certains chercheurs de l’Inra ont fait partie, publient dans la revue scientifique Environment International une liste de solutions pouvant remplacer l’utilisation de néonicotinoïdes.
De nombreuses alternatives aux néonicotinoïdes
L’usage des néonicotinoïdes en agriculture est actuellement en pleine controverse dans de nombreux pays. Leurs effets non-intentionnels sur de nombreux auxiliaires des cultures, notamment des pollinisateurs et des agents de lutte biologique, sont maintenant clairement documentés par un corpus grandissant de publications scientifiques. Cinq de ces matières actives : la clothianidine, l’imidaclopride, le thiaméthoxame, l’acetamipride et le thiaclopride ont été interdites d’usage par le gouvernement français depuis le 1er septembre 2018.
Dans le cadre d'une expertise diligentée par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) une équipe de scientifiques dont des chercheurs de l’Inra a procédé à une évaluation approfondie des alternatives disponibles pour remplacer ces cinq molécules par des options alternatives. Pour chaque combinaison de culture à protéger et d’organisme nuisible ciblé par l'utilisation de néonicotinoïdes, les principales méthodes alternatives de lutte ont été classées en fonction de leur efficacité, applicabilité, durabilité et facilité d’application. 152 utilisations de néonicotinoïdes en France, couvrant 120 plantes cultivées et 279 espèces d'insectes nuisibles ont été passées en revue, pour un total de 2577 alternatives envisagées.
Des solutions chimiques et non-chimiques
Les résultats de cette enquête approfondie montrent qu’une solution de rechange efficace à l'utilisation des néonicotinoïdes est disponible dans 96 % des cas. Malheureusement, l'alternative la plus courante aux néonicotinoïdes (89 % des cas) est l'utilisation d'un autre insecticide chimique (surtout des pyréthrinoïdes). Toutefois, dans 78 % des cas, au moins une méthode alternative non chimique peut d’ores et déjà remplacer les néonicotinoïdes, via notamment la lutte biologique, l’usage de produits sémiochimiques ou d’huiles de surface. Il est à noter que la disponibilité en solutions alternatives non chimiques est plus importante pour la lutte contre des ravageurs aériens (chenilles défoliatrices par exemple) que contre des insectes s’attaquant aux troncs ou aux racines des plantes.
De nombreuses autres méthodes non chimiques apparaissent comme prometteuses mais nécessitent des recherches de terrain supplémentaires avant de pouvoir être proposées aux agriculteurs. Certaines, encore onéreuses du fait d’un marché limité, demanderont également à être subventionnées. Les solutions existent donc mais un effort conjoint de la recherche, des pouvoirs publics, des coopératives et des usagers est donc nécessaire pour les mettre en pratique et permettre une réduction significative de l'utilisation des pesticides en agriculture.
Références
Hervé Jactel, François Verheggen, Denis Thiéry, Abraham J. Escobar-Gutiérrez, Emmanuel Gachet, Nicolas Desneux, Alternatives to neonicotinoids, Environment International, Volume 129, 2019, Pages 423-429, ISSN 0160-4120, https://doi.org/10.1016/j.envint.2019.04.045
Avis et rapport de l'Anses "Risques et bénéfices des produits phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes et de leurs alternatives"
Avis de l’Anses - Rapport d’expertise collective "Risques et bénéfices relatifs des alternatives aux produits phytopharmaceutiques comportant des néonicotinoïdes"
Tome 1 - Rapport du groupe de travail : Identification des alternatives aux usages autorisés des néonicotinoïdes
Alternative solutions to neonicotinoids
Neonicotinoid-based insecticides used to protect plants are increasingly being blamed for environmental, food safety and health problems. An ANSES working group – which includes several INRA researchers – has published a list of alternatives to replace neonicotinoids in the scientific journal Environment International.
An array of alternative solutions to neonicotinoids
The use of neonicotinoids in agriculture is currently a controversial issue in many countries. Their unintended effects on many beneficial organisms for crops, especially pollinators and biological control agents, are clearly documented in a growing body of scientific literature. The French government has banned five of these active ingredients – clothianidin, imidacloprid, thiamethoxam, acetamiprid and thiacloprid – since 1 September 2018.
As part of an expert report by the French Agency for Food, Environmental and Occupational Health & Safety (ANSES), a group of scientists, including researchers from INRA, conducted an in-depth assessment of available alternatives to replace these five chemical substances. For each combination of crop to be protected and pest targeted by neonicotinoids, the main alternative control methods were classified according their effectiveness, applicability, durability and ease of application. In all, 152 uses of neonicotinoids in France, covering 120 crops and 279 harmful insects, were examined for a total of 2,577 possible alternatives.
Chemical and non-chemical solutions
The results of this extensive survey show that an effective replacement for neonicotinoids was available in 96% of cases. Unfortunately, the most common alternative to neonicotinoids (89% of cases) is the use of another chemical insecticide (mainly pyrethroids). However, in 78% of cases, at least one non-chemical alternative was available to replace neonicotinoids, namely using biological control agents, semiochemicals or oils. It should be noted that there are more non-chemical alternatives when it comes to pests attacking leaves (e.g. leaf-eating caterpillars) than for insects attacking plant stems or roots.
There appear to be many other promising non-chemical methods, but they will require additional field research before farmers can use them. Some of them are still quite expensive due to a limited market and will need to be subsidised. Solutions do indeed exist, but joint efforts on the part of researchers, public authorities, cooperatives and users will be necessary to begin adopting them and enable a significant reduction in pesticide use in farming.
References
Hervé Jactel, François Verheggen, Denis Thiéry, Abraham J. Escobar-Gutiérrez, Emmanuel Gachet, Nicolas Desneux, Alternatives to neonicotinoids, Environment International, Volume 129, 2019, Pages 423-429, ISSN 0160-4120, https://doi.org/10.1016/j.envint.2019.04.045
Opinion and report by ANSES (available in French only): “Risks and benefits of neonicotinoid-based plant protection products and of their alternatives”
ANSES opinion – Collective expertise report “Risks and benefits of alternatives to neonicotinoid-based plant protection products” (available in French only): Volume 1 – Working group report: Identification of neonicotinoid alternatives